Le choc Thème Le cinema


Le soleil s'approchait paresseusement de son zénith, lorsque le gardien d'iridium franchit les portes de la ville. Une nouvelle fois, il avait répondu à l'appel de ses frères d'armes, ils se devaient de relever tous les défis, particulièrement lorsque la réputation des gardiens était en jeu.

A peine rentré dans la ville, il se heurta au cadavre desséché d'un corbeau, visiblement ce dernier était mort d’épuisement. Pauvre bête. En le saisissant, il distingua une bague sur la patte du volatile, sur laquelle était inscrit Corbilla Fortuna. On ne peut pas vraiment dire que cela lui avait porté chance, Drong l'envoya valser par dessus la muraille, ne jamais garder un mort à l’intérieur des murs, jamais.
C'est alors que ......
Le soleil s'approchait paresseusement de son zénith, lorsque le gardien d'iridium franchit les portes de la ville. Une nouvelle fois, il avait répondu à l'appel de ses frères d'armes, ils se devaient de relever tous les défis, particulièrement lorsque la réputation des gardiens était en jeu.

A peine rentré dans la ville, il se heurta au cadavre desséché d'un corbeau, visiblement ce dernier était mort d’épuisement. Pauvre bête... Une drôle de sensation l'envahi, comme une impression de déjà connaître cette ville, ces portes, ce corbeau,
d'avoir déjà vécu ce moment. Son cerveau serait-il en train de débloquer?
Le moment n'était pas vraiment approprié pour des divagations meta-physiques, il secoua vigoureusement sa tête afin de se ressaisir, avant d'envoyer valser le volatile par dessus la muraille, ne jamais garder un mort à l’intérieur des murs, jamais, en plus cela devrait occuper nos amis quelques minutes lors de leur visite nocturne.

Comme à son habitude, Drong se rapprocha du bar de la ville afin de renouer les liens avec quelques uns de ses vieux amis. Les nouvelles têtes étaient nombreuses, et au vu de leur regard en coin, sa réputation n'avait pas dû le précéder, ou alors elle ne les impressionnait pas plus que cela.
Quelle qu'en soit la raison, c’était encourageant, notre caste était au top mais il ne fallait pas que nous nous endormions sur nos
lauriers. Il faudrait à nouveau montrer de quoi nous sommes capable et pour cela nous devrons nous donner tous à cent pour cent.
Jeunes et anciens gardiens étaient complément absorbés dans une discussion que Drong avait du mal à saisir. Cela parlait de films, d'actrices, d'acteurs, d'affiches, de croisette et d'autres termes un peu incongrus dans ce monde post Armageddon.
Ghinzu, assit sur une chaise prés de l'entrée, lui expliqua qu'avant même de construire un atelier ou une tour de guet, les premiers arrivés s’étaient lancés dans la construction du chantier le plus inutile qui soit, pour une ville devant résister durant plus d'un mois à des assauts de zombies
déchaînés.

Le chantier était à peine achevé, il s'agissait d'un cinéma.
- «Mais .. pourquoi?..» demanda-t-il interloqué
Ce chantier n'apportait aucun défense, pas d'eau, pas de nourriture, personne n'avait jamais réussi à déterminer ce à quoi il pouvait bien servir.
Leyven, une jeune gardienne, répondit avec une pointe de dédain:
- «Cela n'a jamais été fait avant, non seulement nous allons gagner, mais nous allons le faire avec panache!»

Drong était complètement atterré,quel gaspillage de ressources! Comment allaient-ils construire l'atelier maintenant? et la pompe, le scrutateur, la manufacture? Ils n'arriveront jamais renforcer suffisamment la muraille avant l'attaque de ce soir.
Il commençait à devenir dubitatif sur la qualité des ces nouveaux venus. Étaient-ils inconscients? Imaginaient-ils l'énergie qu'il faudra déployer pour remporter ce Choc?
Drong quitta le bar complètement dépité et incrédule, il fallait qu'il le voit de ses propres yeux, et effectivement, il était bien là, au centre de la ville, un immense cinéma le dominait de toute sa hauteur.

Arnotri se tenait devant l'entrée du bâtiment, voyant Drong approcher, il s'exclama, le sourire en coin:
- «Entrée gratuite sur simple présentation du bouclier.
- Quels films pouvez-vous bien diffuser? Cela fait des années que les dernières bobines se sont perdues dans le désert! L'interrogea Drong
Le sourire d'Arnotri s’élargit encore:
- Entres, tu verras bien! »

Pas grand chose ne pouvait ébrécher la volonté du gardien d'iridium, mais cette fois, la situation le laissait complètement pantois. Alors que son esprit était encore en train de se débattre avec tous ses sentiments contradictoires, ses pas le portèrent à l’intérieur sans qu'il ne s'en rende compte.
Juste derrière l'entrée, une grande affiche manuscrite indiquait: «Séance du jour: Hommage à un chanteur disparu trop tôt mais qui reviendra bien trop vite »
Intrigué, le gardien d'iridium, poussa le rideau, derrière se trouvait dans une grande salle plongée dans la pénombre. Il n'y avait aucun projecteur pour diffuser des images sur l’écran, qui se résumait à un immense drap blanc éclairé par l'arrière.

Des chuchotements accompagnèrent son entrée, puis soudain dans un grand fracas, trois personnes se glissèrent derrière l’écran, seules leurs ombres étant projetés sur l’écran.
Une voix grave envahi soudain toute la salle

- «Dans la croisette des gardiens, derrière un comptoir, il y avait une rouquine aux sourcils noirs.
 

L'ombre aux courbures féminines que Drong avait déjà contemplé tant de fois, se déplaça avec grâce derrière une table haute. Il s'agissait de Louvenya, il en était absolument certain.

Ses cheveux bouclés racontaient des histoires, que tous restaient figés à écouter jusqu'au soir.
Les deux autres ombres masculines se prirent bras dessus dessous en admirant l'ombre de Lou
Mais elle, elle ne disait rien pas même merci ou à demain, de sa bouche comme un ravin où on se jetterait pour y mourir. Une bouche où prétendait certains on y avait même vu un sourire, né de cet homme poussant la porte


Une nouvelle ombre masculine apparut sur l’écran, longiligne, la taille fine, mais doté d'un port altier qu'il aurait reconnu entre mille, ce ne pouvait être que Darthwolf

Et qui commandait d'un voix forte

La voix de Darthwolf retenti alors:

J'ai soif de la vie que l'on m'en apporte

La voix off prit le relais, tandis que le rire de Darthwolf emplissait la salle :

Et il partait dans de grands éclats de rire, qui pour la serveuse étaient comme des navires, transportant les rêves qu'elle n'avait jamais eu, vers un soleil qu'elle n'aurait jamais cru

L'ombre de Louvenya virevolta alors entre la table et la porte.

Et il est resté là jusqu'au soir, à raconter de drôles d'histoires, de pays inconnus et nouveaux juste à trois stations de métro
Un grand boulevard bazar de l'espoir où les amours se trament et se désirent, sans qu'il n'y ait même plus rien à dire et pour sûr qu'un jour on y défilera
Hurlait-il en s'aidant des bras et il recommandait d'une voix forte
J'ai soif de la vie qu'on m'en apporte que dans son goulot elle me transporte
 

 Elle aurait pu l'écouter des nuits entières, en oublier de laver ses verres, abandonner le bar à ses clients et avec lui s'enfuir éperdument mais quand c'est à elle qu'il a parlé c'était pour dire ma petite dame combien que ça fait.
Alors elle a dit c'est pour la maison et dans le bistrot ça a fait sensation
Alors il est parti comme il était venu arraché par la rue

Et depuis elle ne pense qu'à lui sous le regard des autres et depuis elle ne pense qu'à lui et dans son cœur le manque se vautre chaque jour elle entend tout bas ce petit refrain qui cogne à sa porte
J'ai soif de la vie, qu'on m'en apporte, que dans un grand tourbillon, elle me transporte
La lumière derrière le rideau s’éteint alors, et Drong resta prostré durant de longues minutes, noyé dans l'obscurité et le silence.


Il était complètement étourdit par l'émotion et les larmes impromptues lui ayant brûlé les joues sans retenu.
Cela faisait si longtemps que cela ne lui était pas arrivé.
Un main lui frôla alors l'épaule, péniblement
Il tenta de reprendre contenance, avant de se retourner.

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