Tronçonneuse

Fouiller, fouiller, fouiller

Encore une journée de fouille, le soleil tape fort mais rien ne m’arrête, grâce à ma pelle je suis le plus rapide pour fouiller le désert. La ville a besoin de moi, sans les ressources que je vais ramener, nous sommes tous condamnés, les ouvriers n’auront plus de quoi travailler, et nos défenses ne sauront plus endiguer le flot, sans cesse croissant de zombies, voulant nous ne savons pourquoi, nous exterminer.

Gratter, gratter, gratter

Je préfère mille fois me démener en plein désert plutôt que m’éreinter aux chantiers, ici je suis libre, ici je suis utile, ici je me sens vivre ! Les expéditions sont encore plus grisantes, à plusieurs, nous ne craignons pas les zombies, nous pouvons explorer des lieux inconnus sans avoir besoin de surveiller nos arrières, j’ai confiance en mes compagnons qui sont peu à peu devenus mes amis, la fière Mimie, le loquace Rubiks, le virevoltant Juan et le sibyllin Danielans. Aujourd’hui je suis le responsable de l’expédition, j’ai donc la garde de toutes les armes, afin de pouvoir repousser les zombies. Nous risquons d’en avoir besoin car la horde est nombreuse dans ces recoins inexplorés, que nous fouillons depuis de nombreuses heures déjà.

Creuser, creuser, creuser

Inlassablement ma pelle remue le sable, ici, les planches, les sacs plastiques, et les ferrailles semblent pulluler, mes collègues en ont déjà plein leurs sacs, …. bing, bong… tiens une trouvaille, elle semble résistante, mais... je n’y crois pas ! Un gros coffre en métal, quel bonheur, cet événement est si rare, je vais pouvoir me faire un nouveau tatouage, en souvenir de ce remarquable instant. Quelle surprise nous réserve ce don du ciel ? Empruntant le tournevis de Mimie, j’entreprends l’ouverture du coffre, la serrure est solide, mais elle ne résiste pas longtemps à mon entrain. Que vais-je donc ramener à mes concitoyens ? Cela sent l’huile et la rouille, et cela semble encombrant, mais … c’est le Graal des explorateurs, … OUI !! Une tronçonneuse démontée, quelle formidable journée !

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Je sens l’adrénaline monter en moi, il me faut partager cela avec mes amis. Je me relève, mais ils semblent tous occupé intensément, j’en profite pour les observer attentivement, la ténébreuse Mimie, le floodeur Rubiks, la tornade Juan, et le sombre Danielans, les voyant si distant, je m’interroge un instant : sont ils vraiment mes amis ? Je ne les connais pas vraiment ! Je suis sur qu’eux ne m’auraient pas fait part de cette découverte ! Si je leur annonce, ne vont-ils pas tenter de me la voler ? C’est certain ! Ils vont tenter de me détrousser, et sûrement m’abandonner dans le désert… m’abandonner, m’abandonner… Il faut que j’agisse avant eux, que je me réfugie en ville, ils semblent toujours occupé, vite, j’en profite pour me faufiler, dans la zone d’à coté. Voilà ! Ils vont devoir se débrouiller avec les zombies, ainsi ils ne pourront plus essayer de me voler. Ils vont surement se faire massacrer, mais ils ne sont plus pour moi que du passé, maintenant seul compte pour moi de l’assembler.

Courir, courir, courir

La ville est si loin, je cours, je cours, je cours le plus vite possible, j’abandonne ma pelle que je chérissais si fort, je ne fouille plus ce désert qui me semblait autrefois regorger d’or.
La ville, enfin. Ils sont tous dehors, les ouvriers sont tout proche de la ville, les expéditeurs perdus dans le désert, je referme les portes rapidement pour ne pas qu’ils ne me la volent, je suis sur qu’ils savent tous pour elle, depuis les premiers jours j’ai remarqué leur regard inquisiteur, ils attendaient seulement le bon moment pour me trahir, pour me jeter en pâture aux zombies, heureusement que j’ai réagi assez tôt, je suis quasi certain qu’ils avaient décidé de me pendre dès ce soir !

Monter, monter, monter

Je cours vite à la banque, un moteur, un os, un détonateur, une poignée de vis et écrous, je ramène petit à petit le nécessaire dans ma tente, ... rahhh... sacré anti abus…, c’est long, c’est long, c’est long, une éternité, je les entends m’appeler depuis le désert, oui ils m’insultent, me traitent de tous les noms, c’est donc que j’avais raison, ils s’étaient déjà ligués contre moi, mais maintenant je suis plus fort, elle est avec moi, je peux faire face à mille zombies, à tout ces citoyens en colère, je peux défier une multitude, je les affronterai tous, la peur est derrière moi, je ne serai plus jamais seul.

Se cacher, se cacher, se cacher

Il apparaît soudain derrière moi, lui n’a pas jeté sa pelle, et avec elle il m’agresse aussitôt, satanés héros et leurs maudits pouvoirs. N’étant plus seul en ville, je cours vers ma tente, mon dernier refuge, mais déjà les portes de la ville s’ouvrent en grand, et ils sont tous près de moi, il ne leur faut qu’un instant pour me bannir, me jeter tel un paria de leur société, mais cela m’importe peu car malgré tout, elle était prés de moi, ma fidèle arme, rien ne pourra plus nous séparer.

Libérer, libérer, libérer

Mes anciens compagnons sont finalement rentrés, ils n’ont pas vraiment l’air trop amochés, et du désert, ils semblent avoir ramené autre chose que futiles ressources à assembler. Juan agite fièrement une chaîne rouillée, qu’il installe en quelques secondes sur une poutre rafistolée, avant de  me désigner à la foule rassemblée.
Finalement ma chérie nous allons être séparés, c’est le destin qui l’a décidé, les courts instants passés à tes cotés furent d’une telle intensité, que dorénavant, je parcourrai le désert chaque jour pour te retrouver !

Fouiller, fouiller, fouiller.

1 commentaire:

stup a dit…

pictophile va!!!

bravo pour ce texte